COREE du SUD
Eté 2000
 
Pourquoi partir?
La volonté de partir relève d'un but propre à soi-même. Les motivations sont diverses pour tout un chacun. Pour certains le but sera le tourisme, la villégiature, pour d'autre le voyage est recherche d'aventure, d'inconnu. Toutes les motivations peuvent se retrouver dans la volonté de partir; de la quête de culture au trek sportif en passant par des recherches plus personnelles voir spirituelles. On peut résumer le voyage en une formidable école de la vie.
Pour ma part les raisons de ce voyage étaient multiples. Passionné de Taekwondo, j'étais très désireux d'approfondir cette pratique par un retour à un enseignement plus traditionnel par des puristes ; des moines bouddhistes mêlant technique, pédagogie, spiritualité, et un autre regard, une autre philosophie de la vie. De plus, partir vers une culture inconnue représentait une belle aventure dont le seul dénominateur commun est la pratique d'un art martial, une recherche plus personnelle et spirituelle. Ces deux aspects se trouvent parfaitement complémentaires dans la pratique du Taekwondo et du Sonmudo. J'en ressens profondément le besoin quant à mon perfectionnement physique mais surtout mental et psychique.
Le voyage !
Après dix heures d'avion avec Frédéric mon instructeur de Taekwondo, nous nous octroyons quelques moments de repos dans la capitale Séoul où nous accueille Maître Kim Kap Sik. Après ces quelques jours de visites nous arrivons à Pusan quatre heures de train plus tard, où nous sommes chaleureusement reçu par la charmante homologue sud-coréenne de Frédéric, Miss Yang In Hôk (7°dan).
Lundi 14 août, après deux heures de voiture dans vallée de Golgul, je pose enfin mes valises au pied d'une pente impressionnante dominée par le Temple Golgul destination ultime de mon périple. Les choses sérieuses commenceront pour moi, ici.
Une fois mes quartiers désignés, Maître Jeog Un Seol me présente l'ensemble des bâtiments qui forment le Temple ( Golgulsa) et me présente à la communauté. Dans un mélange d'anglais et de coréen, je fais la connaissance des différentes personnes qui composent la collectivité, de leurs fonctions et de la hiérarchie. J'apprends en premier lieu qu'ici Maître Jeog Un Seol est appelé Jouji Sunim, celui-ci étant à l'origine de la création de ce temple bouddhiste. Maître Jeog a pour fonction principale l'enseignement du bouddhisme ainsi que celui du Sonmudo ( art martial zen). Etant le seul et unique héritier de cet enseignement des moines guerriers, il parcourt régulièrement le monde pour promouvoir cet art. C'est donc son second le moine Jim Môk sunim qui dirige le temple en l'absence du grand Maître. Outre ces deux figures principales, le temple est composé de deux autres moines ordonnés, ainsi que sept autres jeunes moines novices, qui apprendront durant deux années en ce lieu, avant d'être ordonnés à leur tour.
Le programme quotidien ici m'apparaît impressionnant tant mes occupations en occident étaient différentes. Voilà le programme type auquel je devrais m'habituer. Après une nuit à même le sol, nous sommes réveillés par la mokta ( cloche en bois) à quatre heures du matin.
- 4h30 : prière à la salle des prières située 200m plus haut que les chambres, (une ascension bien raide à cette heure ... )
- 5h00 : médiation ( somnoleurs ....gare à vous!)
- 6h00 : jogging +/- 10 kms
- 7h00 : petit déjeuner ( enfin )                                                  DIAPORAMA
- 7h15 à 9h00 : repos
- 9h00 : Sonmudo
- 10h30 à 12h00 : dîner
- 12h15 à 14h00 : repos
- 14h00 : travaux du temple
- 18h00 : repas
- 19h00 : prière
- 19h30 : sonmudo
- 21h00 : quartiers libres
- 22h00 : extinction des feux
Durant trois jours, je m'intègre à la communauté partageant toutes ses activités. Outre la fatigue et les courbatures j'ai eu quelques difficultés à devenir végétarien. Ici le repas est rapide et frugal : eau, légumes, riz et soupe d'algues matin, midi et soir accroupi par terre, ( je rêve d'une bonne pizza...)
Jeudi 17 août, visite de l'île de Chejudo en mer de chine où nous allons saluer Maître Song, nos chemins se séparent après 4 jours de tourisme, Frédéric repartant sur la France tandis que je vais débuter mon réel travail; ce pourquoi je suis venu!
Si autrefois le Sonmudo était réservé uniquement aux moines guerriers, Maître Jeog s'emploie à le faire découvrir au plus grand nombre.
Ici ma grande surprise est le rythme des entraînements...(çà plaisante pas). Trois heures par jours ( tous les jours...).
Jim Môk Sénim nous enseigne cet art guerrier vieux de près de trois milles ans. L'enseignement des arts martiaux en Corée est plus rigoureux et martial qu'en Occident. En arrivant au Temple, je n'échappe pas au rituel d'accueil qui débute par la cérémonie du thé dans la demeure du Grand Maître. Ces instants de détente ont pour but d'informer les nouveaux venus quant au fonctionnement et aux règles d'usage en ce lieu. Je constate que politesse et générosité, ici ne sont pas vains mots.
9h00 rendez-vous à la salle d'entraînement
Si le Taekwondo tend à canaliser pour extérioriser l'énergie, à contrario le Sonmudo permet de concentrer et d'intérioriser cette énergie pour la canaliser.
Le Taekwondo comme le Sonmudo sont des philosophies nationales qui donnent une ligne de conduite mais différent par leur pratique. Si le Taekwondo exprime la gestion des énergies pour le combat, c'est à dire de manière active et donc physique, le Sonmudo traite lui aussi cet art martial en y intégrant l'enseignement bouddhiste. En effet, outre les exercices purement physiques   permet de développer plus de spiritualité. Il nous invite à la méditation active et passive et s'exprime aussi à travers nous dans des enchaînements lents basés sur la respiration (yong jong ip kwan). Dans le sonmudo on associe à l'aspect technique et au combat ( sensiblement identique qu'au taekwondo) l'apprentissage de 7 positions d'animaux ( yong tong ip kwan) pris en référence:
1 - le tigre " hu rang yi"
          2 - le dragon " yong"
3 - le cerf  " sasum"
          4 - le singe " wonsungyi"
5 - l'ours " gom"
          6 - la tortue "kôbukyi"
7 - la grue "hak"
Pour ma part, après trois heures  de pratique quotidienne c'est la position du paresseux qui m'apparaît la plus enviable tant pour énergie que son attitude.Si ces moments de repos sont nécessaires pour la récupération physique, ils le sont tout autant pour l'équilibre psychologique. Ils amènent, à la réflexion, permettent de mieux s'analyser, comprendre et intégrer notre réalité souvent dure à décrypter dans les rythmes effrénés de la vie occidentale. Ces nombreux moments d'authenticité face à moi-même m'ont apporté des pistes quant à des questions d'ordres métaphysiques tels que la place et le but de l'homme dans l'univers, le bien, le mal et de manière   plus concrète, ma place ici_bas .....à suivre